Une réussite collective d’insertion pour les jeunes en situation de handicap

Depuis 11 ans, la Passerelle Handicap joue un rôle essentiel à l’EPMT en offrant aux jeunes en situation de handicap une opportunité unique de s'intégrer dans le monde professionnel. Ce dispositif, cofinancé depuis 2013 par l'Agefiph, en partenariat avec l'Éducation Nationale et des entreprises de restauration collective, vise à remobiliser ces jeunes pour une entrée dans la vie active ou une poursuite d’études. Nous avons recueilli les témoignages de trois acteurs clés pour comprendre l'impact de cette initiative.

Un soutien essentiel pour une insertion réussie

Véronique Ledain, chargée de d’études et de développement à l'Agefiph, rappelle que l’institution œuvre depuis plus de 35 ans à favoriser l'inclusion des personnes en situation de handicap, dans le secteur privé. « Nous soutenons l’EPMT depuis plus de dix ans, en finançant ce dispositif, afin de prévenir les ruptures de parcours et de permettre l’entrée en apprentissage de jeunes en difficulté », explique-t-elle. L'objectif est double : offrir une formation professionnalisante tout en maintenant un lien avec le milieu scolaire, garantissant ainsi une transition en douceur vers le monde du travail.

Un accompagnement personnalisé pour chaque jeune

Ketty Frigère, éducatrice à l’EPMT, joue un rôle central dans la remobilisation de ces jeunes. « Mon travail consiste à les encadrer dans leurs apprentissages, mais aussi à les soutenir au quotidien dans leur intégration en entreprise », précise-t-elle. Grâce à des visites régulières en entreprise et à une présence continue, Ketty s'assure que chaque jeune se sente soutenu et motivé, même face aux défis que peuvent poser certains handicaps.

La mission de Ketty va d’ailleurs bien au-delà de l'accompagnement pédagogique. Spécialiste du handicap, elle doit également anticiper, gérer et sensibiliser les entreprises à des comportements parfois perturbateurs, liés à des troubles cognitifs ou comportementaux complexes. « Certains jeunes présentent des handicaps plus ou moins lourds, comme des troubles du spectre autistique ou des difficultés psycho-sociales, qui peuvent rendre leur insertion professionnelle plus délicate », explique-t-elle.

Le défi est d'autant plus grand que ces comportements nécessitent une approche personnalisée pour éviter le décrochage et favoriser leur épanouissement. « Le lien que nous tissons entre les entreprises et nos jeunes est essentiel pour les aider à grandir, se stabiliser et trouver leur place dans le monde professionnel », ajoute-t-elle avec conviction, soulignant l'importance d'un accompagnement sur mesure pour chaque parcours.

Un parcours vers la confiance et l’autonomie

Pour Enki, ancien élève de la Passerelle Handicap, ce dispositif a été une véritable révélation. « Je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire, mais grâce à l'accompagnement de l’école et aux stages en entreprise, j'ai découvert une passion pour la cuisine », témoigne-t-il avec enthousiasme. Après son année de Passerelle, Enki a pu intégrer un CAP classique à l’EPMT, obtenu avec succès. Aujourd’hui, Enki envisage une formation en boucherie dans l’optique d’ouvrir un jour son restaurant. « La passerelle m'a permis de prendre confiance en moi, d’acquérir des compétences techniques, et surtout de me projeter dans un avenir professionnel », souligne-t-il.

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Une démarche inclusive et innovante

Les résultats de la Passerelle Handicap parlent d'eux-mêmes. « Sur les trois dernières années, 16 jeunes sur 20 ont poursuivi en apprentissage, principalement dans le secteur de la restauration collective », se félicite Véronique Ledain. La clé du succès réside dans un emploi du temps équilibré : deux jours de cours pratiques à l’EPMT, deux jours de stage en entreprise, et un jour de soutien dans leur établissement d’origine. Ce rythme adapté, combiné à un encadrement bienveillant, permet aux jeunes d'acquérir des compétences recherchées par les employeurs tout en renforçant leur confiance en eux.

Pour Ketty Frigère, le défi reste de sensibiliser les entreprises à l'inclusion : « Lorsqu'elles osent faire confiance à nos jeunes, elles découvrent des talents insoupçonnés et souvent reviennent vers nous pour renouveler l'expérience ». C'est ce que confirme l'engagement d'entreprises comme Elior, qui accueille chaque année des jeunes de la passerelle.

Une vision pour l'avenir

L'avenir de la Passerelle Handicap au cœur de la réflexion. « En lien avec les trois passerelles franciliennes et l’Education Nationale, nous réfléchissons aux moyens de pérenniser l’existant et de l’étendre à d’autres secteurs d'activité et à d’autres territoires », conclut Véronique Ledain. En attendant, l'EPMT continue d'accueillir une nouvelle promotion, avec la volonté de leur offrir un véritable tremplin vers une vie professionnelle épanouie. Les effectifs ont doublé en cette année avec 14 jeunes en passerelle !

Grâce à la collaboration de tous ces acteurs, la Passerelle Handicap ne se contente pas de former des professionnels, elle transforme des vies.

Merci à Véronique Ledain, chargée d’études et de développement à l’Agefiph Île-de-France, Ketty Frigère, éducatrice à l’EPMT en lien avec l’association ACCES JOB, et à Enki, pour leurs témoignages inspirants et positifs.