Et
oui le moment est venu de célébrer le départ de Madame Sauvage. Il y a deux
mois, Madame PECRESSE était présente ici même et j’évoquais les ondes de charmes
et de chocs. S’agit-il aujourd’hui d’une onde de choc ou d’une onde de charme ?
Car,
si c’est la fête, cela signifie aussi pour vous : partir et quitter l’école
dont vous êtes l’origine, partir après lui avoir dédié 38 ans de votre vie. Une
étape ? Oui, mais une étape qui n’est pas si simple que cela… La
discrétion selon la belle définition de Pierre Zaoui C’est disparaître momentanément pour s’abandonner à l’apparition de
l’autre. C’est loin d’être évident, même si vous avez su peu à peu déléguer
et lâcher prise ces deux dernières années.
Onde de chocs et onde
charme je dirai donc les deux ce soir ! Mais je sais déjà ce que certains
pensent. Mais non Madame Sauvage ne partira jamais, l’Ecole c’est son bébé, son
enfant. Je leur répondrai : Vous savez, un enfant on le laisse grandir et un
jour il part et même si les Tanguy sont à la mode depuis quelques années il faut
savoir un jour couper le cordon ombilical.
Vous
avez d’ailleurs, nous le savons, de nombreux projets comme cette centrale
électrique dans les Ardennes.
Depuis
maintenant près de 18 mois, vous m’avez doucement transmis la direction. Bel
exemple de développement durable qu’il faudra valoriser dans notre projet
d’établissement comme une performance
!
Si j’ai
pu atteindre le poste de Directeur Général c’est notamment bien grâce vous,
Madame Sauvage, vous qui m’avez fait confiance depuis maintenant 14 ans. Et je
ne peux que vous en remercier infiniment.
La
route n’a pas toujours été simple. Certaines pentes abruptes furent rudes à
monter. Ce que je peux dire, c’est que sur ce chemin, vous avez toujours était présente
et aidante. Je me souviens de l’une de vos visites dans mon bureau alors que je
m’occupai de Médiation au sein de l’Ecole : je venais de me faire couper
les cheveux. Oui, à l’époque, j’avais les cheveux un peu plus long… héritage
des mes premières années à étudier Platon et Plotin à la Sorbonne.
Cela vous va très bien me dites-vous. Je compris dans ce
très bien que la longueur des
cheveux pour les garçons était une étape importante pour prétendre évoluer dans
la maison.
Bon, pas seulement c’est
vrai… Il a fallu tout de même que j’obtienne un master de gestion à l’IAE de
Paris. Si l’Ecole est devenue ce qu’elle est aujourd’hui, c’est en grande
partie grâce à votre esprit d’initiative et à votre volonté d’entreprendre. La
force vitale que vous avez insufflée dans cette école reste un vrai défi à
relever. Amoureuse des arbres, vous avez su semer depuis la Rue de L’Evangile les
graines nécessaires pour que cette école ait de profondes racines.
Vous
resterez sans nul doute la meilleure critique au restaurant d’application en
apprenant notamment aux jeunes à ne pas passer devant le client pour déposer
les couverts sous peine de se faire dévorer le bras ! Vous avez toujours su
me transmettre le désir d’être autant au service des professionnels qu’au
service des jeunes avec comme mots d’ordre : travail et rigueur. Et j’ai
appris avec vous cette impérative nécessité de s’adapter à un environnement
changeant. Tout au long de ces années, vous avez su me transmettre de nouvelles
responsabilités et vous avez toujours été à côté de moi pour me soutenir et
m’encourager dans mes choix. Tout n’a pas toujours été miel et sucre selon votre expressions mais c’était
parce que nos échanges avaient comme seul objectif l’intérêt de l’Ecole et non
le nôtre.
Nos
dernières discussions sur la liberté de choisir résonnent encore et je dois
vous le redire ce soir : Je suis
convaincu que nos avons la possibilité de choisir. Si ces choix sont certes
contraints ils existent encore ! Et l’ensemble des années passées avec vous
a été un choix, pas une contrainte. Vous avez donné beaucoup de votre temps, ne
comptant jamais vos heures, et passé bien des étés et des soirées à travailler
sur les emplois du temps de la rentrée.
Avec vos convictions, vous
avez défendu l’intérêt des jeunes et des employeurs en cherchant toujours à
améliorer le système. Redoutée par les uns, appréciée par les autres, vous
n’hésitiez pas à mettre les pieds dans les plats : les échanges brûlants
concernant les aides aux apprentis, il y a quelques années, dans l’Hémicycle de
la Région en sont un parfait exemple !
N’ayant
pas votre langue dans votre poche vous ameniez parfois fraîcheur au débat.
Souvent piquante, vous avez été à l’initiative de dispositifs qui sont
désormais parfaitement ancrés dans l’apprentissage comme la possibilité de garder
des jeunes pour commencer la formation même s’ils n’ont pas encore de contrat
avec une entreprise : nos
passerelles…
CFA
Pilote pour de nombreux projets, vous vous êtes aussi investie dans la
formation des formateurs : votre rôle dans le monde de l’apprentissage ne
s’est pas cantonné à la gestion d’un CFA. La principale valeur que vous avez su
transmettre est sans nul doute le travail : Dans l’apprentissage on bosse et l’éthique c’est le travail pour former
de futurs employeurs m’avez-vous dit un jour de juillet 2012.
Aussi
Madame je puis vous assurer qu’en 40 années vous avez avancé et fait grandir cette
école en la portant, en la supportant, en étant son meilleur supporter ! Vous
avez déjà évoqué à plusieurs reprises l’histoire de cet apprenti cuisinier
véritable chef et Leader, Rue de l’Evangile, que la classe entière aurait suivi
n’importe où ! Dans son carnet, vous aviez noté : Vous avez beaucoup d’influences sur les
autres, soyez responsable vis à vis de cette influence.
Je
pense que vis à vis de l’ensemble des personnes que vous avez pu croiser,
former, votre influence a été forte pour améliorer la cause de l’apprentissage.
Vous serez toujours pour moi, un astre bienveillant, et j’espère pouvoir
déjeuner avec vous de temps en temps au restaurant d’application si vous me
promettez de ne pas me manger le bras !
Je
souhaiterai donc terminer sur cette citation de Bernard de Chartres, philosophe
Platonicien du 12ème siècle et connu pour cette célèbre phrase :
Nous sommes comme des nains juchés sur des épaules de géants (les Anciens), de telle sorte que nous puissions voir plus de choses et plus éloignées que n'en voyaient ces derniers. Et cela, non point parce que notre vue serait puissante ou notre taille avantageuse, mais parce que nous sommes portés et exhaussés par la haute stature des géants.